Notre vision pour 2036 ...

Nous habiterons, étudierons, travaillerons et nous délasseront dans un environnement urbain que la présence de plus de nature aura métamorphosé en des lieux de grande qualité de vie. Développons encore un peu notre vision, notre utopie.

Un environnement naturel indispensable à la densification

On connaît les influences favorables d’espaces aménagés de manière plus naturelles, pas seulement sur la faune ou la biodiversité en général, mais également sur la santé de l’être humain, sur son équilibre physique et psychique, sur son bien être et pour l’adaptation aux changements climatiques. La densification de l’espace urbanisé doit nécessairement aller de paire avec une planification consciencieuse d’espaces verts proches de l’état naturel au cœur des quartiers résidentiels, des zones d’activité et de l’espace public, à proximité immédiate des gens.
L’idée que la nature représente une plus-value écologique, économique et sociale, commence par être partagée par l’ensemble de l’échiquier politique. Il s’agit pour nous de poursuivre la mise en œuvre de cette amélioration de notre qualité de vie dont les effets pourraient ressembler à ce qui suit …

Un environnement plus naturel, bientôt une évidence!

Les immeubles, quartiers ou zones d’activité sont entourés de prairies multicolores, ombragées par des arbres majeurs. On y trouve également des vergers, des potagers, des sièges invitant à la rencontre ou au ressourcement. Les murs des maisons, les branches des arbres ou le mobilier urbain sont décorés de nichoirs plus originaux les uns que les autres. Des bosquets, des haies, des enrochements, des surfaces de gravier, des noues, des placettes ombragées ou des surfaces de gazon fleuri ensoleillées permettent à chacun de jouer, discuter, observer, se reposer, selon ses possibilités et ses envies.
Les centres urbains ne sont pas en reste et disposent d’arbres d’avenue de grande taille, qui dispensent leur fraicheur à toute la ville. Des grands parcs, des squares ou des recoins entre les immeubles transformés en potagers ou en petits jardins permettent un accès, de proximité et à toute heure, à la nature.
Un peu partout des cours d’eau ont été renaturés ou revitalisés, et certains d’entre eux sont devenus des espaces récréatifs de proximité. On se nage à présent dans l’eau douce des étangs de baignade aux formes organiques. Les toitures végétalisées ou les noues permettent à la fois de retenir l’eau lors de précipitations (trop) abondantes et de réduire l’effet d’îlot de chaleur urbaine. Les revêtements des surfaces de circulation (places, stationnement, cheminements, etc.) sont, dans la mesure du possible, perméables. L’eau est donc à nouveau disponible pour la végétation et présente dans les paysages urbains.
Comme chaque entrepreneur, chaque cheffe d’entreprise, chaque maître d’ouvrage et chaque planificatrice sait parfaitement que les personnes ayant un contact quotidien avec la nature sont en meilleure santé, ont un meilleur équilibre et travaillent de manière plus efficace, les entreprises rivalisent de zèle pour mettre à disposition de leurs collaboratrices et collaborateurs des espaces naturels, esthétiques et attractifs. Ainsi, les toitures, façades et cours intérieures sont également végétalisées de manière naturelle.
Les domaines du paysagisme, de l’horticulture et de l’agriculture biologique de proximité sont en plein boom. Les pépiniéristes, planificateurs et aménagistes expérimentés proposent des aménagements naturels à grande valeur ajoutée. Cette expertise professionnelle, dispensée au sein de filières de formation revalorisées, est recherchée dans le monde entier.
Les règlements et processus inhérents aux permis de construire ont également évolué. On accorde à présent autant de valeur aux qualités des aménagements des espaces extérieurs d’un nouveau bâtiment ou d’un bâtiment en rénovation qu’à celles du bâtiment lui-même. Ceux-ci doivent être harmonieux, économes en ressources et offrir des plus values, autant pour la nature que pour l’être humain.
Vision utopiste ? De nombreux indicateurs ont déjà démontré l’importance d’un environnement naturel de qualité et de multiples actions sont en cours.

Un environnement naturel, un plus pour la cohésion sociale

La présence et la proximité d’arbres et de surfaces naturelles n’améliore pas seulement la santé et le bien-être de la population, elle contribue également à une meilleure cohésion sociale.
Les lieux de rencontre végétalisés sont souvent mieux perçus ou mieux respectés, et subissent donc moins de déprédations. Certains postulent également que la présence du végétal aurait un effet bénéfique sur l’humeur des gens et sur leur comportement.
La création de nouvelles expériences de nature de proximité peut ainsi également répondre aux enjeux sociaux actuels que sont l’intégration des populations migrantes, le lien intergénérationnel, le vieillissement de la population ou les problèmes liés à un mode de vie de plus en plus stressant, sédentaire ou déconnecté de la réalité.
Un environnement naturel ou la proximité d’espaces verts valorise aussi les bâtiments et les quartiers qui en bénéficient. Leurs logements sont plus recherchés, leurs taux de déménagements plus faibles et leurs habitants plus unis.

L’équilibre des cycles naturels, prérequis d’une économie durable

La nature et la biodiversité constituent non seulement la base de nos ressources (productions agricole et forestières, …), mais rendent d’innombrables services indispensables à notre survie ou à notre qualité de vie. A l’échelle planétaire, autant qu’à l’échelle du quartier.
La végétation capte le CO2 et régule le climat urbain ; une végétation adaptée protège le sol de l’érosion tout en réduisant les risques d’inondation ; des écosystèmes et des sols sains sont indispensables à une production d’eau potable de haute qualité ; la production agricole est tributaire de la pollinisation d’une grande variété d’insectes (pas seulement les abeilles domestiques) et d’un sol sain ; une grande partie de nos produits pharmaceutiques sont développés à partir de molécules présentes chez les espèces animales et végétales, leur diversité dépend donc de la diversité biologique ; etc.

Notre vision, plus loin qu’une simple utopie

Lorsque la Fondation Nature & Economie fut créée en 1996, certains « écolos » encore peu nombreux ont commencé, souvent bénévolement, à aménager et entretenir des sites de manière naturelle. Quelques entrepreneurs furent convaincus par l’argumentaire en faveur de la nature en milieu urbain, mais une majorité restait sceptique.
A présent, c’est la génération du jardin naturel, bien structuré, esthétique et multi-usages qui s’impose. Celui-ci n’est plus considéré comme une friche sauvage lieu de multiplication de prétendues mauvaises herbes, mais comme une typologie de jardin moderne au grand potentiel de développement.
Peter Richard, membre de notre Conseil de Fondation, dirige depuis de nombreuses années une entreprise de création de jardins naturels et réalise également chaque année un des stands les plus visités et des plus primés de l’exposition « Giardina ».
Notre partenaire Losinger Marazzi SA, une des plus importantes entreprises totales et de développement immobilier, intègre la création d’espaces verts proches de l’état naturel dès la base de sa planification.
Migros, un autre partenaire de la fondation, compte de nombreux sites de production ou de parcs de loisirs parmi nos sites certifiés, réalise des expositions de jardins naturels dans certain de ses centres d’achat ou propose à sa clientèle de fabriquer des hôtels à insectes. Il est prévu que son réseau de filiales développe des environnements plus naturels, progressivement dans l’ensemble de la Suisse.
L’association suisse de l’industrie des graviers et du béton (ASGB), partenaire historique de la fondation, a opéré son changement de mentalité il y a des années déjà. De nombreuses gravières qui lui sont affiliées comptent à présent parmi les surfaces les plus intéressantes et importantes en termes de diversité faunistique et floristique de Suisse. Ces surfaces sont de surcroit particulièrement intéressantes, car elles hébergent des milieux pionniers très rares dans notre pays. L’ASGB présente volontiers la grande diversité biologique de ses gravières, non comme prétexte, mais pour montrer qu’une exploitation industrielle peut, lorsqu’elle est bien gérée, être en synergie avec la préservation de la biodiversité.
D’autres actions sont menées régulièrement avec les acteurs les plus divers (social, pédagogique, médical, financier, administratif, etc.), dans la nature et avec la nature : requérants d’asile collaborant à l’entretien extensif des espaces verts ; sorties dans la nature pour des jeunes enclins à la violence ou en surpoids ; journées d’entretien de réserves naturelles pour cadres bancaires ; lutte contre les plantes exotiques invasives par les civilistes ; employés aménageant un potager sur leur site d’entreprise ; etc.)

Tous ces exemples montrent que notre vision ne doit pas être considérée comme une utopie, mais comme un objectif à poursuivre d’ici 2036 et au-delà.